Le 25 août 1981 à Chicoutimi, Guy Carbonneau épousait devant l'autel sa belle Line. 25 ans plus tard, un deuxième mariage pour Carbo. Non, il ne revêtira pas un complet noi pour l'occasion mais bien un vêtement de sport et des patins, et non plus sa femme ne portera une belle robe blanche, mais elle portera l'uniforme bleu-blanc-rouge! Après les Irwin, Bowman, Perron, Demers, Blake et plusieurs autres, l'ex-capitaine du CH deviendra le 28e entraîneur-chef de l'histoire de la prestigieuse organisation du Canadien. Nerveux, Carbo?
«À 21 ans, je ne connaissais rien, je ne savais pas à quoi m'attendre. À 46 ans, si je ne suis pas prêt à faire le grand saut, je ne le serai jamais.»
Il faut dire que Carbonneau a du vécu, il ajoué durant 12 longues saisons avec le Canadien, tout en gagnant 3 coupes Stanley, deux avec Montréal et l'autre son gendre Brendan Morrow à Dallas. Michel Therrien l'a ensuite choisi comme entraîneur-adjoint. Il a encore une fois quitté l'équipe pour retourner à Dallas, Doug Armstrong l'ayant choisi comme assistant-DG. Pour Carbo, comme le dicton le dit si bien, ce n'est jamais deux sans trois! Carbonneau connait le tabac et sait donc pas mal à quoi s'attendre. Il sait aussi qu'il finira comme tous ses prédecesseurs, c'est-à-dire congédié...
«Je sais tout ça», reconnaît-il avec un sourire en coin.
«Je vais faire des erreurs, c'est évident. Je vais me faire critiquer, c'est évident aussi. Comme joueur, j'ai toujours tout donné pour m'assurer que mon nom ne soit pas dans les journaux le lendemain des matchs pour les mauvaises raisons. Comme coach, je vais faire pareil. Je n'aurai plus l'impact direct que j'avais sur mes résultats, mais vous pouvez être certains que l'équipe et les joueurs seront bien préparés. Ce sera à eux de répondre.»
Quelles seront les méthodes du coach pour que tout marche comme il l'entend?
«Mon expérience comme joueur m'aidera beaucoup. Je ne suis pas assez fou pour débarquer dans le vestiaire et défier les gars en leur disant: It will be my way or the highway! Je veux compter sur des joueurs responsables. Responsables de ce qu'ils ont à faire sur et hors de la patinoire. Je ne serai pas dur lors des entraînements, les gars auront beaucoup de liberté le matin des matchs, et je ne serai pas dans leurs dos pour compter le nombre de bières qu'ils boivent ou m'assurer qu'ils ne sont pas rentrés dans leur chambre à 23 h 02 au lieu de 23 h.»
«Mais à 19 h ou à 19 h 30 le lendemain, lorsque les matchs commenceront, ils devront être là, «toute là» et tout donner. Je suis déjà d'une autre génération, mais pendant mes 20 années de carrière, ma vie était bâtie en fonction du hockey, en fonction des matchs. Je m'attends à la même chose de mes joueurs. Je crois au vestiaire et au leadership qui s'y exerce. Les portes seront ouvertes et je serai toujours disponible pour écouter et aider. Mais si c'est vrai d'un bord, ce devra l'être aussi de l'autre et les gars devront s'attendre à me voir débarquer s'ils ne remplissent pas leur part des responsabilités.
Guy Carbonneau a surtout été reconnu comme un as de la défensive durant ses grandes années dans la LNH. Est-ce que la trappe reviendra dans le giron du CH à cause du retour de Carbo?
«C'est hors de question», assure même le nouveau coach.
«On sait déjà pas mal à quoi ressemblera notre équipe. Il pourrait y avoir une ou deux surprises au camp, mais on comptera en grande majorité sur les mêmes joueurs que l'an dernier, ce qui veut dire que nous aurons une équipe rapide, qui axera son jeu sur la vitesse et la rapidité d'exécution. Je veux diriger des gars qui seront rapides, agressifs, mais intelligents. Il faudra bien contrôler la rondelle et le faire en améliorant la qualité de nos passes et de nos réceptions et travailler aussi fort pour aller récupérer la rondelle que pour la protéger. C'est simple le hockey au fond: quand tu as la rondelle, tu prends les moyens pour la contrôler et quand tu ne l'as pas, tu prends les moyens pour aller la ravir à l'adversaire. Il ne faut surtout pas chercher à compliquer le jeu en jouant de façon stupide.»
Carbonneau épiera cette semaine à Toronto avec intérêt le camp des recrues et même s'il a déjà annoncé la composition de ses trios, il n'écarte pas le moins du monde quelques surprises durant le gros camp.
«Vous avez beaucoup insisté sur ce point, mais les portes du vestiaire ne sont pas fermées parce qu'on a une bonne idée de notre club. Les jeunes n'ont qu'à chambarder ces décisions en nous forçant la main. Il y aura toujours de la place pour une saine compétition. Il y aura une rivalité entre Cristobal (Huet) et David (Aebischer) pour le poste de numéro un. Il y aura une rivalité entre Radek Bonk- en passant Carbonneau croit qu'il pourra aider ce gros joueur de centre à sortir de sa torpeur offensive tout en s'assurant qu'il maintienne la qualité de son jeu défensif- et Tomas Plekanec pour le troisième poste de centre. Tout cela est sain et ne peut qu'être bénéfique pour l'équipe. Alors on serait bien malvenu de refuser une saine rivalité qui viendrait de l'éclosion de nos jeunes. »
Des objectifs Guy?
«On s'en va par en haut», tranche le nouveau coach.
«Les saisons sont longues, il y a des séquences heureuses, d'autres qui le sont moins. Je vais demander à mes joueurs de progresser toute l'année. D'être meilleurs à Noël que le 6 octobre lors de notre premier match de la saison. D'être meilleurs encore en fin de saison qu'à Noël. Si on fait ça, c'est sûr qu'on ira du bon bord... par en haut.»
Texte retravaillé par Tony the Tiger
Par: François Gagnon, La Presse
Sam 9 Sep 2006 - 19:50
